Marion Vittecoq
Tour du Valat
Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes
Thème Écologie de la Santé
Contact :
vittecoq@tourduvalat.org
Dates-clés :
Depuis 2023
Directrice de recherche à la Tour du Valat. Coordinatrice du thème « Écologie de la Santé »
2023
Obtention de l’Habilitation à diriger des recherches (HDR)
2014-2023
Chargée de recherche à la Tour du Valat
2009-2012
Doctorat de biologie évolutive (Université de Montpellier 2)
Liens utiles :
Université de Montpellier (Recherche)
[Vidéo] Présentation du thème Ecologie de la santé (Tour du Valat)
[Projet] Antibiorésistances au sein de la faune sauvage
[Projet] Dynamique de la fasciolose en Camargue
[Projet] Étude des liens entre hydrologie et agents pathogènes
Parole à Marion Vittecoq, Directrice de recherche à la Tour du Valat.
Quel est votre parcours et quelles missions assurez-vous aujourd’hui au sein de la Tour du Valat ?
J’ai toujours voulu travailler dans le domaine de l’écologie. J’ai donc suivi une formation en ce sens. J’ai obtenu en 2009 à Montpellier un Master Recherche en écologie et évolution. Je ne me destinais pas spécialement à étudier les aspects santé. Mais mon stage de Master 1 sur la manipulation que certains parasites exercent sur leurs hôtes puis ma thèse, qui portait principalement sur la circulation des grippes aviaires au sein de la faune sauvage, m’ont passionnée. Développer des recherches en appliquant l’approche une seule santé permet de répondre à des questions concrètes qui touchent à la fois à la conservation de la biodiversité, à la santé humaine et à la santé des élevages ce qui est extrêmement stimulant.
Je suis aujourd’hui directrice de recherche à la Tour du Valat, institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes. J’y coordonne l’équipe en charge à la fois des suivis sur le long terme d’espèces emblématiques comme le flamant rose ou la cistude d’Europe et des recherches sur la circulation de maladies infectieuses d’une part et la contamination de leurs milieux par différents polluants d’autre part. Ces deux volets se nourrissent mutuellement car la connaissance approfondie des espèces et les suivis individuels sont essentiels pour comprendre les impacts et les dynamiques des agents infectieux comme des polluants. En retour, mieux comprendre comment ces pressions s’exercent sur les espèces est primordial pour être en mesure de les protéger.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos intérêts de recherche et votre expertise actuelle ?
Mon expertise est centrée sur la circulation des maladies infectieuses chez la faune sauvage à l’interface avec les élevages et les populations humaines. Depuis quelques années nous intégrons également dans nos études les polluants et la façon dont ils interagissent avec les autres pressions telles que les agents pathogènes. Nous travaillons par exemple sur les goélands urbains et leur exposition aux plastiques, aux métaux lourds, aux grippes aviaires mais aussi aux entérobactéries antibiorésistantes. Ce dernier objet d’étude implique d’investiguer la présence de plusieurs entérobactéries présentant des résistances à différentes classes d’antibiotiques qui peuvent elles-mêmes être portées par des éléments génétiques diversifiés. Il y a donc derrière une question simple en apparence une grande complexité.
L’enjeu est ensuite de comprendre pourquoi nous retrouvons tel mécanisme de résistance dans tel contexte. Quelle est la source de la contamination ? Quels risques de dissémination ? Pour répondre à ces questions la connaissance que nous avons des espèces porteuses, comme les goélands ou les rongeurs, permet de nous guider dans la compréhension des contrastes observés et de comprendre ce qui pourrait constituer un risque ou non pour les humains ou les élevages, voire pour la faune sauvage elle-même.
En quoi le réseau AMR-Env représente-t-il pour vous une réelle opportunité pour faire le lien entre antibiorésistance et écosystèmes environnementaux ?
Avec de nombreux collègues nous avons longtemps plaidé pour la création d’un réseau national tel qu’AMR-Env. Sa mise en place nous permet de partager des données bien sûr. Mais en amont ce réseau permet aussi de structurer une communauté de recherche autour de la problématique complexe des antibiorésistances. Pour partager des données il faut partager des protocoles, des indicateurs, une manière de formaliser nos résultats. Les échanges en ce sens nous permettent d’avancer collectivement et plus efficacement vers une meilleure compréhension de la circulation des antibiorésistances dans l’environnement.
Pour notre équipe qui travaille sur la faune sauvage, les échanges avec le réseau permettent de suivre plus facilement les avancées rapides des connaissances sur les autres composantes des milieux telles que l’eau et les sols. Il nous est plus facile de nous projeter au-delà de la description de la grande diversité des bactéries antibiorésistantes portées par les espèces que nous étudions et d’aller vers la compréhension des mécanismes qui font que ces espèces sont ou non porteuses de telle ou telle bactérie antibiorésistante.
En retour nous pouvons apporter aux membres du réseau notre connaissance approfondie de l’écologie des espèces que nous suivons et rappeler notamment les rôles de transfert qu’elles peuvent dans certains cas jouer entre différents habitats terrestres et aquatiques, naturels et urbains etc. Le réseau est donc un très bon outil pour mettre en œuvre l’approche une seule santé appliquée à la problématique des antibiorésistances et nous essayons d’y contribuer au mieux.
Propos recueillis par l’équipe de coordination du méta-réseau PROMISE en juillet 2025.
Un grand merci à Marion Vittecoq pour sa participation.